Auteurs des articles : Romane Barbier, Chloé Buewaert, Charlotte Temple, Alexandre Simon et Yohann Derbyshire.
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Jackson Hole : Histoire & impact sur les marchés
Comme chaque année depuis 1982, une centaine d’experts de la finance, triés sur le volet, se réunissent à Jackson Hole aux Etats-Unis. Comment ce symposium est-il devenu une référence ? Que faut-il retenir de l’édition 2022 ?
La première édition s’est déroulée en 1978 lorsque la réserve fédérale de Kansas City a décidé d’organiser une conférence annuelle afin de discuter des sujets économiques actuels. Après plusieurs éditions au sein de la station de ski de Vail dans le Colorado, la banque régionale décide de changer de lieu afin d’attirer un gros bonnet de la finance, Paul Volcker, président de la Fed de 1979 à 1987. Pour cela, l’organisateur de l’événement s’est intéressé aux passions de ce dernier. L’une d’elle était la pêche à la mouche. L’organisateur jeta son dévolu sur Jackson Hole, vallée propice pour cette activité. Il répondra présent et attirera d’autres grands noms de l’économie mondiale. Ce dernier est également connu pour avoir maîtrisé l’inflation en organisant deux récessions massives, mais brèves, pour réduire les dépenses et diminuer l’inflation. À la fin des années 1980, l’inflation était en baisse et l’économie en plein essor.
A partir de l’édition de 1982, le symposium Jackson Hole ne cesse de prendre de l’ampleur et commence à avoir une renommée mondiale.
Après deux années de Covid et deux éditions virtuelles du Jackson Hole, l’inflation est au cœur des préoccupations pour ce millésime 2022. Toutefois, les débats ont mis en évidence une profonde division entre la Réserve fédérale et ses homologues internationaux concernant l’impact du changement climatique sur l’inflation. Jerome Powell a exposé les efforts de la Fed pour ramener l’inflation à son objectif de 2%. La discussion a porté sur la manière dont les goulots d’étranglements et les pénuries ont limité l’offre économique, tandis que les politiques fiscales et monétaires ont entraîné une hausse de la demande.
En revanche, le président de la Fed, s’est montré plus traditionnel dans son analyse et ses prescriptions, préconisant une hausse des taux d’intérêt, un ralentissement de la croissance et un assouplissement du marché du travail pour faire baisser l’inflation.
Jerome Powell a déclaré qu' »une longue période de politique monétaire très restrictive était finalement nécessaire pour endiguer l’inflation élevée et commencer le processus de retour de l’inflation aux niveaux bas et stables qui étaient la norme jusqu’au printemps de l’année dernière. »
Face au discours du président de la Fed, les marchés ont perdu tout espoir d’une politique monétaire plus accommodante. Les taux ont fortement augmenté et les actions ont quant à elles fortement baissé de part et d’autre de l’Atlantique. Les actions américaines et européennes ont chuté de près de 5%. Rendez-vous à l’édition 2023 pour voir si les inquiétudes se sont envolées !
Crédit immobilier : usé par le taux d’usure
L’investissement immobilier est l’un des placements privilégiés des Français. Cependant, les conditions pour devenir propriétaire sont de plus en plus contraignantes notamment lorsque l’acquisition se fait à l’aide d’un emprunt. Avec l’inflation et la remontée des taux, les conditions pour les emprunteurs se sont dégradées.
Aujourd’hui, le taux moyen des crédits immobiliers sur 20 ans a plus que doublé en un an, passant d’environ de 1% à 2,15%. La vitesse de remontée des taux ne permet pas au taux d’usure de s’adapter assez vite aux nouvelles conditions de marché.
En effet, un grand nombre d’emprunteurs ont vu leur dossier refusé à cause de ce dernier. Peu importe la qualité de leur dossier, si ce taux d’usure est dépassé, le crédit est automatiquement refusé. Aujourd’hui, selon les courtiers 45% des acquéreurs ont vu leurs dossiers refusés et ont dû abandonner leur projet depuis le début de l’année.
Ce taux est fixé trimestriellement par la Banque de France et ne peut pas être dépassé par les banques sous peine de sanction. Il représente le taux d’intérêt maximal auquel les établissements prêteurs sont autorisés à prêter de l’argent lors d’un prêt immobilier.
L’usure correspond à la situation ou les intérêts du crédit sont considérés comme abusifs. Sa formule est donnée par l’article L313-3 du Code de la Consommation et est fonction du Taux Annuel Effectif Global (TAEG). Le coût de l’assurance, les frais de dossier et les garanties obligatoires sont donc insérés dans ce calcul. Aujourd’hui, le taux d’usure pour un prêt de 20 ans est de 2,67%.
Ce taux n’est pas nouveau mais n’avait pas d’incidence tant que les taux d’intérêts étaient stables car le taux d’usure avait le temps de s’adapter aux évolutions des taux.
Si les intermédiaires de crédit militent pour une remontée de ce taux d’usure, le Gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, estime qu’un relèvement du taux d’usure desservirait les emprunteurs et ne souhaite pas que la mé